Pimo29

  На давно освоенном и исправно фунциклирующем альпийском курорте поменять только подъемники ума да и денег много не не надо.

      А вот построить с нуля совсем другое дело.  Подъемники и трассы это только верхушка айсберга.

Bonjour et tout d'abord, meilleurs vœux 2024.

Je suis français et ne parle pas russe. Aussi, je laisse le soin au lecteur intéressé de choisir son traducteur en ligne pour lire mon message en espérant qu'il apporte quelque chose à la discussion.

J'ai eu la chance de faire avec ma femme un voyage de découverte - et presque d'exploration (!) - du Caucase russe il y a 5 ans, de Sochi à Makhatchkala aller et retour, en voiture de location, durant un mois.

Nous avons visité les stations de Rosa Khutor, Dombaï, Arkhyz, Terskoï en empruntant à chaque fois télécabines et télésièges; on nous a refusé (l'armée) faute de permis, l'accès en Ingouchie à Armkhi et nous avobs "oublié" Veduchi en Tchétchénie... Nous avons aussi remonté les vallées de Chegem en Kabardino-Balkanie, de Galiat en Alanie, nous sommes passés de Verkhny Unal à Verkhny Fiagdon et Dargays par les cols; nous avons aussi exploré certaines vallées du Daghestan par des pistes à peine carrossables (mais nous sommes passés !)... Une aventure en soit dans la mesure où le massif est très peu peuplé, on y est presque seuls en plein été (nous étions les seuls touristes occidentaux, bien sûr, mais combien de russes visitent ces contrées ???), et les infrastructures routières et d'hébergement très limitées.

Je voudrais dire ici que le potentiel du Caucase russe en matière de sports d'hiver est immense et que les défis pour sa mise en valeur sont tout aussi importants. Le gouvernement russe s'est appuyé sur l'exemple du "Plan Neige" mené par l’État français au lendemain de la deuxième guerre mondiale / La grande guerre patriotique pour aménager développer le ski dans les Alpes françaises et rattraper le retard en la matière par rapport à ses voisins suisse et autrichien. L'effort financier et humain a été énorme pour faire des Alpes françaises une destination ski mondialement reconnue, mais :

- cela a pris 40 ans pour parvenir au résultat,

- le contexte économique était porteur (forte croissance économique de l'après guerre - période des "30 glorieuses"),

- le territoire n'était pas vide d'hommes (villages nombreux avec agriculture et élevage encore vivaces, industrie métallurgique dans les fonds de vallée),

- les infrastructures de transport sous-dimensitéonnées mais existantes (routes et chemin de fer),

- les distances depuis les grands bassins de population réduites (Lyon 120km, Paris 600 km).

Dans ce contexte, l'effort dans l'aménagement du Caucase russe a été, pour ce que j'en ai vu, spectaculaire :

- une débauche d'argent (trop ?) a été déversée sur la vallée de Krasnaïa Poliana et le résultat est impressionnant, malgré les gaspillages (trop de télécabines, pas assez de pistes, pas de liaison entre Gorny et Rosa Khutor, sites peu adaptés aux skieurs moyens),

- un site trop exigu et raide, mais de toute beauté, à Dombaï,

- mise en valeur de la vallée d'Arkhyz qui présente, pour ce que j'ai vu, le meilleur potentiel pour le ski de tout le Caucase. Le site, par son climat, sa taille et la beauté des paysages, est réellement de classe internationale (j'aurais bien voulu acheter une de ces "dalles de béton" prévue pour de futurs chalets à Lunnaya Polyana) et si un jour, le domaine skiable s'étend jusqu'à la vallée voisine de Pkhiya / Zagedan, il rivalisera sans complexe avec les meilleures stations des Alpes,

- un développement inégal de l'Elbrouz, avec sans doute des pistes surpeuplées à Azau (extensions en cours) et gros potentiel freeride à Cheget (mais remontées antiques !).

Le projet de création d'une station à Mamison est le reflet d'une décision purement politique car le site n'est pas le plus adapté pour les skieurs moyens (le cœur de cible des sports d'hiver) : les pentes sont plutôt raides, taille réduite du domaine même si gros dénivelé, a priori gros problèmes liés aux avalanches...

J'ai vu sur le site une image d'un master-plan qui semble concerné la vallée de Galiat : cette vallée semble pour moi présenter un très gros potentiel en matière de ski, avec de gros dénivelés et une superficie potentiellement skiable très intéressante, malgré une orientation au sud des meilleures pentes. Y a-t-il eu un projet concernant ce coin ? Si vous avez des documents, je suis preneur.  Il y a là de quoi installer 2 ou 3 stations de ski de taille internationale (un peu comme Les Ménuires et Val Thorens si vous connaissez, d'autant que les 2 sites sont très similaires en taille et potentiel).  Mais quand on connait la beauté du site de Galiat en été et les vestiges (ruines et anciennes terrasses agricoles) qu'on devine encore de l'occupation humaine dans ce coin, tout aménagement touristique du secteur devrait être pensé avec le plus grand soin pour les préserver...

Du côté de Chegem, il y a aussi un potentiel énorme, d'autant qu'une liaison à ski pourrait être envisagée avec la vallée voisine de Bezengi...

Mais pour tous ces sites, il y a avant toute chose un problème d'infrastructures : si l'URSS avait amené le gaz jusqu'à Bulungu, rien n'avait été fait concernant les routes et l'effort d'investissement est aujourd'hui un préalable gigantesque pour relier efficacement toutes ces vallées aux plaines et aéroports régionaux. Pareil pour les réseaux d'électricité, d'eau et des eaux usées. La Russie moderne avait pensé, à juste titre, pouvoir engager ces investissements pour développer l'économie du Caucase par la mise en valeur de son potentiel touristique et ainsi réduire les tensions ethniques et politiques dans le coin. Mais les freins restent immenses : tensions géopolitiques réactivées localement depuis l'étranger, sanctions économiques multiples qui limitent l'accès aux technologies de transport par câble, immensité du territoire russe qui a des besoins immenses et, bien sûr, effort de guerre et de reconstruction prioritaire dans le Dombass font que les investissements présents et futurs ne peuvent qu'être revus à la baisse. Qui parmi vous voudrait investir un kopeck dans le Caucase russe aujourd'hui ?  J'ai rencontré beaucoup de russes depuis ce voyage, mais aucun n'avait encore osé mettre les pieds là-bas (la peur du méchant Tchéchène sans doute - coucou à Lermontov !). Alors, chers amis russes (oui, j'aime la Russie et les russes malgré tout ce qu'on en dit dans les médias occidentaux), soyez patients et ne vous méprenez pas sur les priorités à tenir en ces temps incertains. Pour ma part, je reviendrai un jour en Russie pour un quatrième voyage (après St Pétersbourg, la Carélie et les Solovki, puis Moscou, l'Anneau d'or et la Crimée, et le Caucase bien sûr) vers la Sibérie / le Baïkal ou le Kamchatka... si Dieu nous prête vie.

 Merci de m'avoir lu jusque-là. Encore très bonne année 2024 encore à vous.